jeudi 1 décembre 2011

Du Fail dans les guerres d'Italie











Gravure de Hans Holbein le jeune


Après ses aventures parisiennes où son addiction au jeu était venu à bout de ses économies, Noël du FAIL se voit contraint de fuir sans le sou, n'osant s'en retourner au berceau familial en Bretagne. Nous sommes fin 1543.


Les mémoires de Martin du Bellay nous apprennent qu'on fit effectivement à cette époque des levées de gens de "pié" pour les besoins de la campagne du Piémont.



"De ce pas, m'en allay aux bandes de gens de pied en Piedmond, où j'eu du mal comme un jeune diable bachelier et botté", nous dit il dans Eutrapel (II, 203).


L'on apprend ainsi qu'il a du obtenir son baccalauréat, malgré ses frasques estudiantine.
Pour une fois, car ce n'est pas son habitude, lui qui a pris le parti de mener ses lecteurs dans un labyrinthe, il nous parle avec précision d'un fait historiquement précis et vérifiable, ce qui nous permet d'affirmer qu'il se rendit en Italie, et qu'il assista et sans doute participa à la bataille de Cérisoles du 14 Avril 1544, en Piémont.



Il nous évoque "la charge foudroyante des quatre vingts hommes d'armes avec leur haut appareil et chevaux bardez du seigneur de Boutiers Dauphinois"(II, 11)



Et plus loin dans Eutrapel, se dissimulant faussement sous les propos de Polygame, il nous indique qu'il a franchement participé à ces combats :
"Jamais à la bataille de Cérisoles où je fus sous la charge du Capitaine la Mole , qui y demeura, ne furent trouvez tant de corselets, arquebuses, piques, morions et halebardes des Impériaux es parses cy et là".
Ce capitaine sous les ordres duquel il combattit, y laissa la vie.



Cette anecdote se différenciant bien de la précédente, où il ne fait que relater ce qu'il a vu, puisque M. de Boutières commandait une troupe de cavalerie, alors que du Fail ruiné n'avait pas même pu s'acheter une monture pour rejoindre l'Italie.



Ce brave Boutières (1492-1545), parent et fidèle ami de Bayard, est à ses côtés dans les guerres d'Italie, et se trouve présent en 1527 dans une déléguation envoyée par François Ier à Londres, pour conclure une alliance avec Henri VIII contre Charles Quint.


C'est à lui qu'est attribué la victoire de la bataille de Cérisoles.

Ainsi, se résume son périple au delà des Alpes. Il ne nous en dit pas plus que cet épisode belliqueux, et de ce qu'il a pu découvrir ou voir de la Péninsule...



Il remonte péniblement vers Château Letard, et au bout de ses "finances et finesses", - celles qu'il avait apprises en fréquentant les bélitres et filous du coeur de Paris -, il avance petit à petit vers son manoir natal.


Comme l'accuse Lupolde: "En retournant et revenant en ça, avois tu pas le bras gauche plus long que l'autre de demy pied, ratiocinant et haranguant par ces villages aux bonnes femmes, leur contant tes infirmitez?"
Sans doute, du Fail confesse t-il avoir du se "débrouiller", mais au moins et c'est cela sur lequel il met l'accent, car celà fait pour lui toute la différence avec Lupolde, ce roturier, facilement froussard, a t-il conservé son honneur et ce qui symbolise son statut, son épée et sa dague.


"Ce n'est pas comme toi, dit il à Lupolde, qui vendit dès Palaiseau, ton braquemard revenant de Paris, lors que la peur vint s'y loger à l'enseigne de l'armée de l'Empereur Charles le Quint".


C'est tout ce que nous pouvons déduire de son Eutrapel sur son premier périple en Italie. Mais incontestablement il avait beaucoup vu, beaucoup regardé et assurément son bagage culturel allait s'en trouver enrichi.

mercredi 19 octobre 2011

REPONSE A L'ENIGME...



Ces quelques vers... bien verts, sont de Mellin de Saint Gelais, contemporain et ami de Rabelais. Ce poète et médecin comme lui, qu'il rencontra en 1523, descendait d'une illustre famille. Originaire d'Angoulême, alter ego du maître, mais bien moins connu que lui, il fut aussi rabelaisien que son modèle, adepte comme lui de la dive bouteille.



Voyageur, excellent cavalier, Rabelais croisa son chemin alors qu'il était moine chez les Franciscains.



Mais celà aurait très bien pu être du Noël du Fail...

samedi 15 octobre 2011

UNE AUTRE DEVINETTE POUR LES AMATEURS DE LITTERATURE...FACETIEUSE!



De qui est donc à votre avis cette petite tirade gaillarde?







"Un jour que Madame dormait,
Monsieur branlait sa chambrière,
Et elle qui la danse aimait,
Remuait fort bien le derrière.

Enfin, la garce toute fière
Lui dit:
Monsieur, par votre foi,
Qui le fait mieux,
Madame ou moi?

-C'est toi, dit il, sans contredit.
-Saint Jehan, dit elle, je le crois
Car tout le monde me le dit."

Amis à vos mémoires, n'est elle pas pleine de charme cette vieille langue françoise?
Et comme sans vulgarité de gauloises choses peuvent être dites...

samedi 8 octobre 2011

BANQUET RUSTIQUE



Le chapitre III des Propos Rustiques dépeint bien l'atmosphère des campagnes et la bonne humeur qui unissait à l'occasion en ces temps anciens, le peuple des campagnes de Haute Bretagne. C'est un tableau que peint avec talent notre ami.


Un banquet rustique assemble hommes et femmes, jeunes et vieux autour de vastes tablées. Il est bien sûr, marqué du sceau de la simplicité, car sont inconnus "poivre, safran, gingembre, canelle, myrabolans de Corinthiace, muscade, girofle et autres semblables rêveries transférées des villes en nos villages". Mais la nourriture est abondante et le vin ne manque point.



Tous sont attablés dans la bonne humeur, y compris Messire Jean, "curé de nostre paroisse, étant au haut bout ( car à tous seigneurs, tout honneur), haussant les orées de sa robe, tenant un peu sa gravité, interprétant ou l'Evangile du jour, ou donnant quelque bonne doctrine, ou bien conférant avec la plus ancienne matronne près de lui assise".


Ce bon prêtre parle de tout avec grande compétence, et ses propos sont accueillis avec une admiration religieuse et naïve par ses paroissiennes.


Mais voici que le repas se termine.


L'un tire un rebec, l'autre un hautbois, celui là un chalumeau, et l'on commence à danser "ribon ribaine".

Les vieux donnent l'exemple "sans beaucoup fredonner des pieds", et la jeunesse, elle, mène à grand galop, et "lorsque la fumée du vin commence à embureloquer les parties du cerveau , quelque bonne galloise mêne la danse par sur tables, bancs et coffres".


Même Messire Jean le curé, s'y met après s'être fait un peu prier, et " n'y en en avait que pour lui, car lui, frais et possible amoureux, contournait ses commères!"


Enfin la danse finie, "tous recommencent à dringuer, et boire haut et net, sans se blesser".


A cette époque, le fait pour un prêtre de danser avec ses paroissiennes n'avait rien d'inconvenant et ce n'est, nous dit Emmanuel Philipot, qu'au début du XVIIème siècle que la grande réforme va faire défense expresse aux curés de "hanter" les danses, comme en témoignent les statuts synodaux de Saint Brieuc en 1606, ou ceux de Saint Malo en 1620.



REPONSE A LA QUESTION...



Tout comme François Rabelais qui signe Alcofribas Nasier, Noël du Fail a publié ses trois recueils qui constituent ses "Oeuvres Facétieuses" sous un anagramme. En fait plusieurs anagrammes...
Les Propos Rustiques ont été écrits par "Leon Ladvlfi", et son epistre au lecteur auquel il dit "salut" par Maistre LEON LADULFI.
De même ses Baliverneries parues un an plus tard, et nommées aussi "Contes nouveaux d'Eutrapel", sont elles signalées par "autrement dit Léon Ladulfi".

Mais du Fail troquera ce pseudonyme à la fin de sa vie, puisque dans une note manuscrite qu'il a laissée sur un manuscrit du XIII ème siècle, qui lui avait été prété par un de ses amis, le seigneur du Bordage, il signe en 1578 avec "Le fol na Dieu".



Ce manuscrit fort ancien, constitué de 272 feuilles sur parchemin, calligraphié en minuscules gothiques à 3 colonnes de 45 lignes chacune, ornées de lettres historiales enluminées, qui conte "Lestoire del Saint -Graal, la vie de Merlin, et Lancelot du Lac", est un des trésors de la Bibliothèque de Rennes actuellement.


Cette note autographe, parfaitement lisible encore, nous permet de connaître l'écriture, et la signature de notre ami, témoignage émouvant pour nous...

jeudi 6 octobre 2011

DEVINETTE...



Sous quel pseudonyme Noël du FAIL s'est il fait connaitre, à sa première parution?

mercredi 5 octobre 2011

THENOT DU COING

Personnage attachant des Propos Rustiques par sa bonté et sa sagesse, ce personnage qui fait la matière du chapitre VII du premier receuil de du Fail, mérite qu'on s'y attarde.


Porteur d'un éternel message, celui du secret d'une vie heureuse, il sait se contenter d'une vie simple et a appris à regarder ce monde qui l'entoure, à prendre le temps, et à s'émerveiller de choses banales.


Il est pour chacun, un excellent sujet de méditation. Aussi, lecteur, prends toi aussi le temps de le lire ce chapitre VII, et comme nous le dit du Fail....fais en ton profit!


Ce Thénot du Coin qui descend en droite ligne de ce vieillard de Vérone chanté par Claudien et qui n’était jamais sorti de son petit domaine, va incarner l’une des idées fondamentales des Propos Rustiques : le bonheur de la vie champêtre sans ambition et sans curiosité vaine.

Le grand bonheur de Thénot du Coin c’était de « faire cuire des naveaux aux cendres », et « d’estudier en de vieilles fablea d’Aesope », comme maitre Huguet et comme du Fail.

En plus de cette sagesse, il fait preuve de bonté avec les animaux, et bien que tendant ses filets pour capturer ces brigands ailés qui pillaient les pois et les fèves de son petit jardin, il n’avait pas le courage de leur faire la guerre pour de bon, leur manège étant si joli à voir…

On peut supposer qu’au travers de Thénot, c’est bien l’âme de du Fail qui se révèle;
Eutrapel dans son chapitre XXI, prendra sans équivoque et avec vigueur la défense des bêtes tyrannisées par l’homme.

Derrière ce Thénot, il est impossible de ne pas reconnaître notre La Fontaine breton.

Sa bonté, c’est aussi avec les enfants qu’il la manifestera, où Thénot s’imagine apprendre à un enfant « mille beaux mots » et le promener en le tenant par la main.
Peut-être avons-nous dans ce passage un souvenir du temps où le petit Nöel, mené par un des vieux du pays, se promenait dans les environs de Château Letard ?

Ce Thénot est décidemment un original, paysan par certains cotés, mais avec une âme dont la sensibilité est peu fréquente chez des rustres dont la rudesse des conditions n’oriente pas à trop se poser de questions sur le genre animal.

Son coté paysan, on le trouve lorsque s’en retournant promener accompagné d’un vieux compagnon, et tenant par la main ce petit enfant, si semblable au petit Nöel dans sa jeunesse, il le charge d’un fagot, lui apprenant « que jamais ne faut retourner à la maison les mains vides, et que c’est le dire d’un bon mesnager ».

Thénot rentré à la maison avec son vieux camarade Triballory boivent copieusement, car tous deux « mettoient bien le nez au barril », clin d’oeil bien rablaisien à ces mœurs rurales que du Fail connaît bien.
C’est avec une conclusion morale en vers que se clôt ce chapitre VII des Propos, qui exprime tout le sens du livre.

Du Fail nous dépeint « Vn quidam passant par ce païs et adverty de la vye du bon Thénot du Coin non moins sainte que louable, escrivit sur la porte, d’un charbon de saulx », les vers suivants :

« Il laissa semblablement la court Rommaine en l’aage de cinquante cinq ans, et se retira a un petit village pres Picene, ou est a present Puzol : et illec passa le residu de ses ans en repoz, accompaigné seulement de Livres et ayant pour singuliere recreation d’aller deux ou trois foys du jour, veoir la compaignie ou les vignes, et y travailler quelques foys. Un jour ainsi qu’il estoit absent, quelqu’ung escripvit avec du charbon à la porte de la maisonnette : O felix Cato, tu solus scis vivere »
O bienheureux Caton, toy seul as choysi la bonne façon de vivre ».

Le « quidam » écrivain a puisé ses sources dans « Le Mespris de la Court » de Guevara, qui s’exprimait ainsi en parlant de Caton le Censeur.

Le bon Thénot quitta ce monde paisiblement, à l’image de la vie qu’il avait traversée :
« Et en cest exercice passa son temps le bon Thenot, et vesquit jusqu’à la mort, en despit des médecins, et mourut l’an et le jour qu’il trespassa ».

mardi 4 octobre 2011

QUEL ANIMAL SYMBOLISE DU FAIL?



Petit animal discret et qui malheureusement est une victime innocente qui git écrasé la nuit sur nos routes... Vous avez sans doute trouvé, mais pourquoi du Fail s'est il représenté sous les traits d'un hérisson? Petite histoire en forme de message non subliminal à l'adresse de ses contemporains...


L’ECUSSON DE DU FAIL.

L’édition de 1579 de son recueil d’Arrests, porte sur la page de garde, au dessus de la date,
un fleuron de forme ovale d’assez grandes dimensions (10 cm x7), semblable à une marque d’imprimeur ;
or, cette marque n’est pas celle de Julien Duclos, chez lequel l’ouvrage fut imprimé ;
il s’agit donc de la marque de notre ami, qui par cette gravure ambitionnait de résumer sa vie, sa dualité, et ses aspirations ambivalentes.

A la base du fleuron, est appendu l’écusson de du Fail -écartelé au 1 et 4 d’argent, et au 2et 3 de sable – sommé d’un heaume de profil et accompagné de riches lambrequins.

Le heaume a pour cimier un petit hérisson, roulé en bogue de châtaigne.

Le champ du fleuron est occupé par un paysage divisé en plusieurs plans :
Au centre, un énorme hérisson, dressant sa foret de dards, fait la roue ; devant lui, deux chiens effarés s’enfuient en aboyant !
C’est là le sujet de la devise inscrite en périphérie du fleuron :

« SIC LATRANTES VIRTVTE FVGAT »

Les chiens ne mordent guère sur les piques du hérisson, et quand leur imprudence les y pousse, ils reviennent en triste état !

Le deuxième plan , figure une campagne sillonnée de légères ondulations , avec à gauche un rideau d’arbres et de l’autre coté une maison à haute toiture présentant un large pignon percé de plusieurs baies ; la cheminée fume et un grand arbre au tronc puissant la domine de ses vastes ramures . A côté une construction moins haute profile en équerre son humble toiture.

Au fond dans le lointain, une rivière écoule ses eaux paisibles et baigne les remparts d’une ville, dont on entrevoit vaguement les tours, les édifices et les clochers.

Tout à l’arrière plan, un paysage montagneux clôt l’horizon.

La signification de cet emblème est évidente :

Le hérisson « hérissé » est la symbolique du seigneur de la Herissaye, traduisant son caractère, prompt à se dresser contre les importuns et les méchants.

La maison est la représentation de son manoir, de la pièce principale -la Salle-, avec le grand noyer auquel il était adossé, et la métairie, bâtiment moins haut en retour.

La ville de Rennes avec la Vilaine à ses pieds, traduit par ses murailles qui l’enserrent, l’autre aspect de sa vie, celle du magistrat, grave et sévère, emprisonnée dans la procédure et
symbolisée par les remparts.
Et en pendant devant , le paysage calme de cette campagne qu’il affectionne tant , image de son existence indépendante de petit gentilhomme rural , artiste et philosophe , qui aime avec délice l’air libre , au grand soleil de cette plantureuse campagne qui environne sa plaisante retraite de la Herissaye.

Seule la montagne est de fantaisie, motif imaginé pour remplir la partie supérieure trop vide du fleuron.


Doux et compatissant avec les faibles, du Fail voulait faire savoir que les importuns et les "rioteux"avaient du souci à se faire s'ils envisageaient de lui chercher chicane. Avec ce "logo" de l'époque, il faisait comprendre simplement et efficacement à tous qu'il n'était pas de ceux qui se laissent manger la laine sur le dos...

lundi 3 octobre 2011

L' ESPRIT DES PROPOS RUSTIQUES



La première production de du Fail, celle de sa jeunesse pourrait on dire, -il n'avait sans doute pas encore la trentaine-, est celle qui est considérée aujourd'hui comme la plus représentative de ses écrits, et même pour certains comme son chef d'oeuvre.


Erudit et au fait des auteurs de son temps, du Fail avait lu les oeuvres de ses devanciers comme de ses contemporains. Il connaissait fort bien Pantagruel et Gargantua, mais les Propos Rustiques qui sont antérieurs au Tiers et au Quart Livre, ne peuvent être suspectés d'avoir été inspirés par son aîné tourangeau.


L'originalité de l'ami Noël réside en ce qu'il a élu le cadre paysan de son terroir comme théâtre des scènes qu'il dépeint et des anecdotes qu'il narre. Ce faisant il se situe dans le droit fil d'un Charles Estienne, auteur de "Praedicum rusticum" ouvrage sur la maison rustique, qui rencontra un succès considérable dans la seconde moitié du XVIème siècle, puisqu'ayant connu pas moins de 79 éditions entre 1564 et 1617!


L'époque était donc bien celle d'un intérêt étonnant pour les choses de la campagne, mais à dire vrai les propos qui sont rapportés, bien que réalistes, paraissent bien peu paysans, notamment dépourvus de ces locutions coutumières aux gens du cru. C'est en bon français, sans traces de patois, que du Fail fait s'exprimer ses robins. Autant dire que l'on sent bien que du Fail met ses propres idées dans la bouche des devisants, de plus en idéalisant leur condition, où l'on voit les rustiques faire eux même l'éloge de leur mode de vie, car disent ils, demandez où souhaitez vous plus salutaire et plus libérale vie que la nôtre?


La vie champêtre leur fait il dire, est seule capable de produire des hommes libres et sobres? Rien ne vaut les délices des champs, comme le chante l'ouvrage de l'espagnol Antoine de Guevara sous le titre du "Mépris de la Cour et la louange de la vie rustique", qui semble avoir été un des livres de prédilection de du Fail.


Les "païsans" doivent se contenter de ce qu'ils sont, ne point avoir d'ambition, ne pas aspirer à d'autres métiers, et même ne pas songer à agrandir leur domaine, ainsi sauvegarderont ils leur félicité.

Et c'est de cette vision idyllique dont entre eux du Fail les fait disserter couchés "sous un large chêne".


Sont mis en scène quatre protagonistes bien en verve, choisis parmi les nantis du monde rural, et symboles d'une ancestrale sagesse portée par l'expérience de leurs ans. Du Fail nous les campe de quelques traits caractéristiques:


Défilent alors Maître Huguet, ancien maître d’école, puis vigneron et chantre au lutrin, beau parleur, qui connaît la vie et a quelques humanités, ce qui lui donne un relief particulier par rapport aux autres devisants. C’est lui qui est le plus prolixe, et des quatre devisants celui qui a la plus forte personnalité. Autour de lui, Pasquier, « un des plus joyeux luron qui soient à une journée de cheval d’ici », c’est celui de toute la bande qui a le plus tôt la main à la bourse pour donner du vin aux bons compagnons…
Lubin, « qui a une ceinture avec une boucle jaune, est un gros riche pataud de village assez bon paysan ». Quant à Anselme, « tenant à la main un petit bâton de coudrier dont il frappe ses bottes attachées avec des courroies blanches,…, il est l’un des riches de ce village, bon laboureur et assez instruit pour la campagne ».


Regrettant le siècle d'or, celui du bon roi François, ils brossent un tableau idyllique de la condition paysanne, vision toute personnelle de la manière dont du Fail considère ses robins et leur statut sociétal... Mais il est vrai aussi que la première moitié du XVIème siècle fut une période de relative prospérité pour la France et la vie rurale, ce qui a permis à ceux qui travaillent à la terre de bénéficier de conditions favorables, que notre gentilhomme campagnard n'hésite pas à qualifier de délices des champs...



BIOGRAPHIE SOMMAIRE DE NOËL DU FAIL




Mais qui est donc ce personnage qui a motivé la création de ce blog?


Afin d'en avoir une idée générale, voici quelques éléments de sa biographie, qui permettront à tout un chacun de savoir de qui on parle ici...

Noël du Fail, seigneur de La Hérissaye, né vers 1520 dans la propriété familiale de Château-Letard à Saint-Erblon (Ille-et-Vilaine) et mort en 1591 à Rennes, juriste et écrivain français. Son œuvre, à la fois divertissante et sérieuse, constitue un témoignage intéressant sur la société rurale du XVIe siècle en Bretagne.


Biographie abrégée de Noël du Fail


Issu d’une famille de petite noblesse rurale, du Fail fait des études de droit et obtient une charge au Présidial de Rennes en 1552. En tant que magistrat, il rédige les "Mémoires recueillis et extraits des plus notables et solennels arrests du Parlement de Bretagne" (1579).


Ce parlementaire contemporain de Rabelais, véritable chantre de la Haute Bretagne de XVIe siècle, naquit vers 1520 dans le manoir familial de Château Létard à Saint-Erblon.
Son père François du Fail, était un gentilhomme rural de moyenne fortune et de moyenne noblesse dont la famille était établie sur cette terre depuis le XIVe siècle. Noël du Fail passa son enfance avec ses quatre frères et soeurs,au coeur d'une nature qu'il aimera et saura décrire, avant d'être envoyé à Vern où il fit ses premières humanités sous la direction d'un maître d'études, dénommé Caillard.
Comme il n'était pas l'aîné, Noël du Fail fut probablement destiné de bonne heure à la robe. Vers 1540, il quitta sa famille pour entreprendre des études juridiques. On le retrouve dans les universités de Poitiers, d'Angers, de Bourges, de Toulouse où il mena la joyeuse vie des étudiants de l'époque. Mais des problèmes financiers le conduisirent à interrompre ses études pour aller guerroyer en Italie .A Lyon, où il terminait sa formation universitaire, il publia en 1547, chez Jean de Tournes, ses "Propos rustiques" dans lesquels il met en scène quatre joyeux compères. Tableaux champêtres, faits et gestes des villageois du XVIe siècle, scènes truculentes ont pour cadre la campagne rennaise. Dans cette suite de conversations naturelles, les propos pleins de verve de Noël du Fail, révèlent un gentilhomme conservateur persuadé de la supériorité de la noblesse et très attaché à ses prérogatives. Au delà de l'éloge du métier d'agriculteur, l'auteur, s'inspirant des grands anciens tels Caton et Cicéron, se plait à rappeler aux paysans leur bonheur simple. Et surtout qu'ils se gardent bien de vouloir changer leur condition!


Aujourd'hui, du Fail est connu comme un des principaux conteurs de la Renaissance française, en particulier pour ses Propos rustiques (1547).
Le texte décrit la vie de deux villages des environs de Rennes (Vindelles et Flameaux) et dresse le portrait de quelques-uns de ses plus pittoresques habitants à travers les souvenirs de quatre vieux paysans. Oscillant entre la peinture bucolique et le comique rabelaisien, l'œuvre, complexe et doucement satirique, se prête à de multiples interprétations. Tout à fait remarquable par la richesse et la saveur de sa langue, elle demeure une des rares œuvres de notre littérature à s'être centrée exclusivement sur le monde paysan.


Les Baliverneries d'Eutrapel (1548) et Les Contes et Discours d’Eutrapel (1585) sont de la même veine mais, cette fois-ci, des notables y sont mis en scène: le prudent Polygame, le fourbe Lupolde et le joyeux Eutrapel. Le dialogue des trois hommes, mêlant réflexion morale et ironie, est le prétexte à une succession de fables et de tableaux descriptifs (fable de la goutte et de l'araignée, description d'une maison de paysans…). Les petites histoires à caractère comique et anecdotique sont d'abord là pour amuser le lecteur en un texte qui se veut avant tout divertissant. Mais derrière cette légèreté, la fantaisie verbale et le pittoresque des évocations, l'œuvre de Noël du Fail, comme celles de tous les grands conteurs humanistes de son époque, est constamment sous-tendue par un ensemble de réflexions morales, politiques et religieuses (Noël du Fail a été soupçonné de conversion au protestantisme) à la manière d'un Montaigne ou d'un Rabelais. On aurait tort de confondre ce parlementaire original avec les écrivains facétieux de la même époque et de voir en lui un simple conteur grivois, un bouffon, un plaisantin. Il est l'un des représentants les plus déclarés de cet "ésprit de malice du bon vieux temps".


Il est le contemporain de toute une lignée d'esprits gaulois et fidèles à la tradition des fabliaux. Sainte-Beuve n'hésite pas à rapprocher Noël du Fail " du mouvement de littérature qu'avait suscité le prodigieux succès de l'auteur Pantagruel".



Après quelques mésaventures causées par les troubles de la Ligue, Noël du Fail s'éteignit à Rennes le 7 juillet 1591 sans descendance.

samedi 1 octobre 2011

Vous avez dit facétieux?



Contes et Discours d'Eutrapel


Chapitre III De ceux qui prennent en refusant

Eutrapel dit … qu’en arriva presque autant à une dame, du temps que ce bon prince de Melphes y étoit lieutenant du roi : elle dormoit, une après dinnée, en une chaire, moitié en guerre, moitié en marchandise, c'est-à-dire demi renversée, ses pieds assez hauts sur deux tabourets, montrant son quasimodo, la Grand’Jeanne de l’Echiquier d’Alençon, l’appeloit son ovale. Le jardinier étant survenu pour entendre de sa maitresse en quelle orée du jardin il planteroit des choux, voyant et trouvant son cabinet ainsi avantageusement ouvert,…, y logea petit à petit son ferrement : elle, sentant l’outil fretiller environ son haut de chausses, et ramonner sa cheminée, s’éveilla, disant : qui t’a fait si osé d’enter en ma chambre, dis, poltron ? Le pauvre jardinier qui étoit sur le point de laisser choir sa graine en cette fertile terre, se vouloit ôter, mais la dame répliqua… Cependant nature, qui n’est oisive, besognoit, et dechargeoit de toutes parts son artillerie en ce beau rempart.



Rabelais breton, voilà bien un compliment mérité, n'est ce pas?




mercredi 28 septembre 2011

Les Baliverneries d'Eutrapel







La découverte d'un mot...


Si les Baliverneries d'Eutrapel publiées en 1548, sont la seconde production de du Fail, ce qui en fait, entre autres l'originalité, c'est qu'elles créent et mettent à la mode un nouveau substantif, qui est parvenu jusqu'à nous et fait partie de notre parler quotidien.





Petite histoire de cette invention de du FAIL, à l'intention des curieux...


Des trois personnages qui animent et donnent matière aux Baliverneries et aux Contes et Discours, c’est Eutrapel, sans doute aucun, dans lequel s’incarne Noël du Fail.

Si Polygame, Lupolde, et Eutrapel n’apparaissent que dans les Baliverneries, publiées un an seulement après les Propos Rustiques, soit en 1548, l’esprit facétieux de leur auteur se manifeste dès 1547, ce qui avait conduit Jean Assézat, l’éditeur de la Bibliothèque Elzévirienne, qui au XIXème siècle republia et remis au goût du jour les écrits de du Fail, à regrouper les trois recueils sous le vocable commun d’Oeuvres Facétieuses.
Dans ces Œuvres Facétieuses, la facétie, art de la parole, fort à la mode dans les ouvrages de savoir-vivre et de conversation de la Renaissance Italienne, qui consiste par un récit bref et spirituel autour d’un bon mot ou d’un bon tour, à faire rire, traduit la bonne humeur d’Eutrapel, son caractère enjoué et franchement gai.

Ce terme de « facétie », bien que n’ayant pas été utilisé par du Fail, ni dans ses Propos Rustiques, ni dans les Baliverneries, ne lui était sans doute pas inconnu, puisque présent dans la langue française depuis la traduction par Guillaume Tardif des Facéties du Pogge, avant 1496. Le manuscrit de Turin date de 1457, mais ce n’est que de 1470 que datent les premières éditions posthumes. Son auteur insistait sur la nécessité « d’arracher parfois notre esprit à ses habituelles préoccupations et aux fatigues qui l’accablent en l’égayant par quelques joyeux délassement ».
Plutôt que de reprendre cette traduction venue de l’italien, Noël du Fail préfère forger un mot neuf, dont aujourd’hui, on lui attribue la paternité : « baliverneries ».
Le verbe qui en découle, « baliverner », serait d’après le Dictionnaire des étymologies obscures, de Pierre Guiraud (1982), un composé tautologique de « baller » - tourner en dansant- et de « verner », - tourner sur soi même, virevolter -, qualifiant ainsi l’humeur et le mouvement incessant de son personnage.
« Il n’avoit jamais l’oeil en un lieu, ains inconstant et vague » (Chap. I)
Ce terme ainsi élaboré, se veut l’équivalent bien français de la facétie, portant comme lui au rire, comme dans le chapitre IV où Polygame et Eutrapel se retrouvent « tousjours balivernans et rians du meilleur de la ratelle ».

Le mot même de « facétie » ou l’adjectif « facétieux » se retrouvent seulement trois fois dans les Contes et Discours, à travers des anecdotes où le style du récit est plus proche du foisonnement rabelaisien, que de l’art de la pointe dont faisait preuve le Pogge pour brosser ses métaphores.
C’est de son naturel, - il en parle à sept reprises dans les cinq pages de sa Préface-, qui est de « follastrer, rire et escrire des choses de mesme », dont il veut nous entretenir.


Et « il faut premier en dire de vertes et de meures, ensemble baliverner, de sorte qu’avec le temps on puisse parler à bon escient » (p.6), façon de nous dire qu’un esprit équilibré et sain se doit de savoir rire pour mieux pouvoir raisonner.


Pour un auteur du XVIème siècle, voilà une belle preuve de modernité!


















lundi 26 septembre 2011

Un lieu d'histoire devenu une remise agricole...






Jusqu'en Avril 2003, l'endroit où vint au monde celui que la postérité reconnait sous les traits d'Eutrapel, celui qui est gai, enjoué, il y a bientôt cinq siècles!, servait de remise agricole, abandonné, délaissé, oublié... L'eau s'infiltrait dans les murs par une couverture hors d'âge, soutenue par une charpente de beau chêne encore, mais à bout de souffle. Les murs gonflés d'eau prenaient du ventre et l'ensemble menacait ruine...


Mais le destin en avait décidé autrement. Quelque part, un que rien ne prédisposait à un tel challenge, allait croiser son si long chemin de solitude, allait s'y attacher et le faire revivre. Car il était dit, il était écrit que les choses n'allaient pas s'arrêter là. Renaître, repartir, être le lieu où la mémoire de son enfant chéri allait pouvoir s'ancrer, tant de choses encore étaient à dire, à vivre entre et par ces murs... Petit certes il était, mais beau, harmonieux se savait il être, comme ce jour où l'illustre érudit de la Bretagne, Arthur de la Borderie, à la fin du XIXème siècle, avait complimenté Joseph des Boüillons, le propriétaire d'alors, qui l'avait restauré, constatant qu'il l'avait été "dans le plus pur goût du XVème siècle"!


Fier de sa gerbière en tuffeau aux cannelures ioniques datée de 1620, assis sur une terre que la mémoire des hommes faisait remonter à 1342 à Guillaume de Chasteaulestart, fils d'Aliette le Laboureur, bâti à côté de l'emplacement d'un castel fortifié dont des vestiges à l'architecture gothique remontent manifestement à l'époque médiévale, comment se faisait il qu'aucun regard ne se soit attardé sur lui? Il avait tellement de choses à dire, à transmettre, son histoire était si riche, et bien que n'ayant jamais été qu'une modeste seigneurie rurale au droit de basse justice, il avait couvé, vu naître et grandir un que la mémoire des hommes ne devait pas oublier. Noël du Fail, juriste et parlementaire parmi les plus honorables de son époque, qui avait rédigé un receuil des plus notables et solennels Arrests du Parlement de Bretagne en trois Livres, somme jurisprudentielle qui fera référence jusqu'à la Révolution, cachait un tempérament gaillard, riche d'une forte sève, qui le fera s'inscrire dans le sillage du grand François, son ainé Alcofribas Nasier, l'inclassable et génial Rabelais, passant à la postérité par ses Oeuvres dites Facétieuses.


Comment pouvait il se faire qu'on le laisse à l'abandon, et que les yeux ne se portent que sur le beau château tout proche, commandé par Joseph des Boüillons, et réalisé par Arthur Regnault en 1866?


Mais le jour où tout devait basculer advint...


Il n'y croyait plus, mais sa bonne étoile veillait... Et c'est par un beau jour d'Avril 2003, que Cupidon devait tirer sa flèche. Nos destins se croisèrent, la magie opéra, et nos deux vies en furent boulversées... Quel beau chambardement, que de pain sur la planche, mais que d'enthousiasme, que de projets, que de bonheur. Il était dit qu'un jour nous nous trouverions, et qu'une nouvelle page de cette si longue histoire devait être écrite. Et que ce serait une si belle aventure...


Il y a toujours une certaine indécence à parler de choses fortes, intimes en quelque sorte, lorsque c'est le plus profond de soi même que l'on y met. Alors nous arrêterons nous là. Lecteur, pardonnes nous. Mais l'histoire de cette demeure, qui croise l'Histoire de la Bretagne et de ses illustres enfants, et qui croise notre petite histoire personnelle, mérite d'être contée, offerte en quelque sorte à ceux dont le coeur sait s'ouvrir et rêver... Comme dans un conte de fées.




Un ami par trop inconnu...et pourtant!



Noël du Fail sans vous en rendre compte, c'est bien souvent qu'il croise vos vies...



Nous voudrions par les quelques lignes qui suivent, montrer que du FAIL fait toujours partie de notre quotidien, sans que nous en ayons conscience réellement, à travers ce qui jalonne notre vie de tous les jours, et nos activités les plus banales.

Au fil du temps, malgré les quelques quatre siècles qui nous séparent de son passage ici bas, la mémoire collective de notre ami s’est plu à garder de façon très variée l’empreinte de l’influence qu’il a eue sur cette terre de Haute Bretagne qui l’a vu naître.

Attachant son nom à des lieux qui nous sont familiers, les élus, les responsables locaux honorent sa mémoire en nous amenant à prononcer ce patronyme, qui pour beaucoup d’entres vous qui aurez parcouru ce livre, prendra une autre dimension.


Si bien sûr SAINT ERBLON, paroisse qui le vit venir au monde, a une rue NOËL DU FAIL, il faut savoir que VERN / SEICHE, où il reçut dans son jeune âge, les leçons du docte sophiste l’abbé CAILLARD, qui le « pourvut d’un assez bon commencement aux lettres », tout comme PLEUMELEUC, paroisse sur le territoire de laquelle se trouvait son manoir de la HERISSAYE, « l’autre manoir de son cœur », n’ont pas manqué de lui rendre hommage.

La ville de RENNES ne pouvait pas ignorer celui qui fut un des membres les plus éminents de son Parlement, et qui a publié un recueil d’Arrests qui est resté pendant près de deux siècles, une compilation de référence faisant autorité en matière de jurisprudence auprès de ses pairs, baptisant de son nom une rue perpendiculaire au Boulevard de CHEZY coté canal d’Ille et Rance, et débouchant sur la rue de DINAN à l’Est.

Il est plaisant également de constater que CHÂTEAUGIRON n’a pas oubliée que le fief des du Fail provenait d’un premier partage de la seigneurie de Châteaugiron au XIVème siècle, et dont la mémoire est aussi conservée par deux indications de lieux dits à l’entrée Ouest de la Cité en venant de Vern, signalées « le Haut FAIL » et « le Bas FAIL », terres d’où étaient originaires les ancêtres de nos amis de CHÂTEAU LETARD.

Témoins du souvenir encore bien vivace du seigneur de la Herissaye, les Cités de CHARTRES de BRETAGNE, PACE et BRETEIL, ont voulu immortaliser pour la postérité cet exceptionnel peintre des mœurs de son temps que fut notre « Rabelais » breton.

De manière encore plus significative, car concernant la jeunesse, tous ces petits bretons qui prononceront souvent un nom dépourvu de sens pour eux vu leur jeune âge, diront un jour avec fierté ayant appris l’histoire de leur école, qu’ils ont fréquenté l’Ecole Maternelle NOËL du FAIL à VERN/ SEICHE, établissement actuellement en cours d’extension, et en passe de devenir le Groupe Scolaire homonyme.


De même la ville de GUICHEN, s’honore d’avoir baptisé son important collège du nom de celui qui nous tient à cœur, preuve s’il en était besoin qu’il vit encore à travers toutes ces jeunes pousses qui grandissent à l’ombre bienveillante de son patronyme, gardant vivace son souvenir.

Pour rester dans les hommages rendus par les municipalités, signalons que VERN a cru bon aussi de nous faire souvenir que le Père CAILLARD, recteur nommé par l’Abbaye Saint Melaine dont dépendait cette cure, a joué un rôle non négligeable dans l’éducation de notre jeune ami, avant qu’il « monte » à Paris.


Dans un ordre d’idée tout à fait différent, nous ne pouvons passer sous silence la création depuis peu, d’un Trophée NOËL DU FAIL destiné à distinguer dans le domaine culinaire, les meilleurs Maîtres crêpiers de Bretagne, symbole d’excellence de la restauration traditionnelle à base de sarrazin de notre terroir.

Des Citations et autres aphorismes tirés des écrits de du FAIL, sont toujours aujourd’hui d’actualité et mis en avant pour illustrer ou dénoncer tel ou tel contexte.

Ainsi, la Revue PRESCRIRE, publication médicale de référence dans l’étude des substances médicamenteuses, s’appuie t-elle dans son numéro 301 de Novembre 2008 sur une maxime tirée de du FAIL pour son éditorial :
« Quand la bourse se rétrécit, la conscience s’élargit ».

L’Almanach des Postes de 1978, rappelle à ses lecteurs sur son calendrier traditionnel :
« Jamais bon cheval ne devient Rosse ».

De façon plus gauloise, dans la veine de « l’œuvre facétieuse », nous découvrons que le Dictionnaire érotique d’Alfred DELVAN, appuie sa définition du « Cabinet » :
« La nature de la femme, où l’homme fait ses nécessités amoureuses,- ce qui donne à ce cabinet une odeur de sui generis fort agréable-, quoique un peu violente », par une observation bien rabelaisienne de la plume de notre ami :
« Le jardinier voyant et trouvant le cabinet aussi avantageusement ouvert, y logea petit à petit son ferrement ! ».

De ci de là, la pensée de du FAIL réveille, à l’instar des Maximes de la ROCHEFOUCAULT ou des Pensées de la BRUYERE, l’humeur des éditorialistes en tous genres :
« Marchandise offerte est à demi vendue »
« A quelque chose malheur est bon »
« A trompeur, trompeur et demi »…
témoignages de l’intemporalité de ses réflexions sur la nature humaine, et de leur universalité.

Quand ce n’est pas l’Avocat Général à la Cour de Cassation, qui lors de son discours d’audience solennelle de rentrée en 1917, s’adressant à ses collègues, pour honorer la mémoire de ceux des leurs récemment disparus, qui se réclame de du FAIL, sacralisant la fonction de magistrat en ces termes, parlant de la conception d’un de ses pairs en la matière :

« Quand on est un haut magistrat, il faut dire adieu au monde et à la vie frivole. Il faut renoncer à l’art, à la littérature, à tout ce qui peut vous distraire ou vous détourner du devoir»

L’auteur du discours se plait à rappeler à son auditoire les magistrats du temps jadis :

« A toi, NOËL DU FAIL, conseiller au Parlement de Bretagne, auteur très facétieux des Contes et Discours d’Eutrapel ! , A toi, La Mothe le Vayer, substitut du Procureur Général au Parlement de Paris, auteur de tant d’œuvres satiriques et du Dialogue sur les Rares Qualités des Asnes de ce temps !, A toi, Montaigne, pour tes Essais immortels , et ton ami La Boëtie, vous qui fûtes avec Montesquieu , l’honneur du Parlement de Bordeaux !, A toi, Rotrou , A toi, Corneille ! »




Dans la rue ou sous les ors des Palais de Justice, chez le simple citoyen, dans les cours de récréation des écoles, dans la futilité de nos propos quotidiens comme dans les allocutions officielles des personnages de la République, ta mémoire, mon cher Noël, n’est pas prête de
vaciller…
Si par ce travail, j’ai un temps soit peu contribué à l’entretenir, j’en serais heureux…
Dors tranquille, tu vis toujours à travers ceux qui disent ton nom…









"Puys qu'ainsi est"...

Création d'une Association




Afin de faire vivre la demeure natale de Noël du Fail, comme nous le pensons, il lui eût plu de la voir s'animer, est créée l'Association "Les amis d'Eutrapel", dont le but est d'entretenir la mémoire du "Rabelais breton", et de contribuer par tous moyens à faire connaitre et apprécier l'oeuvre littéraire de cette figure attachante de la littérature facétieuse du XVIème siècle en Haute Bretagne.



Son but est de permettre qu'à travers des manifestations évoquant sa vie et ses écrits, il prenne la place qui lui revient dans la littérature du XVIème siècle, et de faire vivre sur le plan culturel son manoir natal, en lui donnant les moyens de rayonner "noblement", en préservant tant l'esprit des lieux, que de celui qui y vit le jour, il y à bientôt 500ans...