samedi 8 octobre 2011

BANQUET RUSTIQUE



Le chapitre III des Propos Rustiques dépeint bien l'atmosphère des campagnes et la bonne humeur qui unissait à l'occasion en ces temps anciens, le peuple des campagnes de Haute Bretagne. C'est un tableau que peint avec talent notre ami.


Un banquet rustique assemble hommes et femmes, jeunes et vieux autour de vastes tablées. Il est bien sûr, marqué du sceau de la simplicité, car sont inconnus "poivre, safran, gingembre, canelle, myrabolans de Corinthiace, muscade, girofle et autres semblables rêveries transférées des villes en nos villages". Mais la nourriture est abondante et le vin ne manque point.



Tous sont attablés dans la bonne humeur, y compris Messire Jean, "curé de nostre paroisse, étant au haut bout ( car à tous seigneurs, tout honneur), haussant les orées de sa robe, tenant un peu sa gravité, interprétant ou l'Evangile du jour, ou donnant quelque bonne doctrine, ou bien conférant avec la plus ancienne matronne près de lui assise".


Ce bon prêtre parle de tout avec grande compétence, et ses propos sont accueillis avec une admiration religieuse et naïve par ses paroissiennes.


Mais voici que le repas se termine.


L'un tire un rebec, l'autre un hautbois, celui là un chalumeau, et l'on commence à danser "ribon ribaine".

Les vieux donnent l'exemple "sans beaucoup fredonner des pieds", et la jeunesse, elle, mène à grand galop, et "lorsque la fumée du vin commence à embureloquer les parties du cerveau , quelque bonne galloise mêne la danse par sur tables, bancs et coffres".


Même Messire Jean le curé, s'y met après s'être fait un peu prier, et " n'y en en avait que pour lui, car lui, frais et possible amoureux, contournait ses commères!"


Enfin la danse finie, "tous recommencent à dringuer, et boire haut et net, sans se blesser".


A cette époque, le fait pour un prêtre de danser avec ses paroissiennes n'avait rien d'inconvenant et ce n'est, nous dit Emmanuel Philipot, qu'au début du XVIIème siècle que la grande réforme va faire défense expresse aux curés de "hanter" les danses, comme en témoignent les statuts synodaux de Saint Brieuc en 1606, ou ceux de Saint Malo en 1620.



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