jeudi 1 décembre 2011

Du Fail dans les guerres d'Italie











Gravure de Hans Holbein le jeune


Après ses aventures parisiennes où son addiction au jeu était venu à bout de ses économies, Noël du FAIL se voit contraint de fuir sans le sou, n'osant s'en retourner au berceau familial en Bretagne. Nous sommes fin 1543.


Les mémoires de Martin du Bellay nous apprennent qu'on fit effectivement à cette époque des levées de gens de "pié" pour les besoins de la campagne du Piémont.



"De ce pas, m'en allay aux bandes de gens de pied en Piedmond, où j'eu du mal comme un jeune diable bachelier et botté", nous dit il dans Eutrapel (II, 203).


L'on apprend ainsi qu'il a du obtenir son baccalauréat, malgré ses frasques estudiantine.
Pour une fois, car ce n'est pas son habitude, lui qui a pris le parti de mener ses lecteurs dans un labyrinthe, il nous parle avec précision d'un fait historiquement précis et vérifiable, ce qui nous permet d'affirmer qu'il se rendit en Italie, et qu'il assista et sans doute participa à la bataille de Cérisoles du 14 Avril 1544, en Piémont.



Il nous évoque "la charge foudroyante des quatre vingts hommes d'armes avec leur haut appareil et chevaux bardez du seigneur de Boutiers Dauphinois"(II, 11)



Et plus loin dans Eutrapel, se dissimulant faussement sous les propos de Polygame, il nous indique qu'il a franchement participé à ces combats :
"Jamais à la bataille de Cérisoles où je fus sous la charge du Capitaine la Mole , qui y demeura, ne furent trouvez tant de corselets, arquebuses, piques, morions et halebardes des Impériaux es parses cy et là".
Ce capitaine sous les ordres duquel il combattit, y laissa la vie.



Cette anecdote se différenciant bien de la précédente, où il ne fait que relater ce qu'il a vu, puisque M. de Boutières commandait une troupe de cavalerie, alors que du Fail ruiné n'avait pas même pu s'acheter une monture pour rejoindre l'Italie.



Ce brave Boutières (1492-1545), parent et fidèle ami de Bayard, est à ses côtés dans les guerres d'Italie, et se trouve présent en 1527 dans une déléguation envoyée par François Ier à Londres, pour conclure une alliance avec Henri VIII contre Charles Quint.


C'est à lui qu'est attribué la victoire de la bataille de Cérisoles.

Ainsi, se résume son périple au delà des Alpes. Il ne nous en dit pas plus que cet épisode belliqueux, et de ce qu'il a pu découvrir ou voir de la Péninsule...



Il remonte péniblement vers Château Letard, et au bout de ses "finances et finesses", - celles qu'il avait apprises en fréquentant les bélitres et filous du coeur de Paris -, il avance petit à petit vers son manoir natal.


Comme l'accuse Lupolde: "En retournant et revenant en ça, avois tu pas le bras gauche plus long que l'autre de demy pied, ratiocinant et haranguant par ces villages aux bonnes femmes, leur contant tes infirmitez?"
Sans doute, du Fail confesse t-il avoir du se "débrouiller", mais au moins et c'est cela sur lequel il met l'accent, car celà fait pour lui toute la différence avec Lupolde, ce roturier, facilement froussard, a t-il conservé son honneur et ce qui symbolise son statut, son épée et sa dague.


"Ce n'est pas comme toi, dit il à Lupolde, qui vendit dès Palaiseau, ton braquemard revenant de Paris, lors que la peur vint s'y loger à l'enseigne de l'armée de l'Empereur Charles le Quint".


C'est tout ce que nous pouvons déduire de son Eutrapel sur son premier périple en Italie. Mais incontestablement il avait beaucoup vu, beaucoup regardé et assurément son bagage culturel allait s'en trouver enrichi.

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