lundi 26 septembre 2011

Un lieu d'histoire devenu une remise agricole...






Jusqu'en Avril 2003, l'endroit où vint au monde celui que la postérité reconnait sous les traits d'Eutrapel, celui qui est gai, enjoué, il y a bientôt cinq siècles!, servait de remise agricole, abandonné, délaissé, oublié... L'eau s'infiltrait dans les murs par une couverture hors d'âge, soutenue par une charpente de beau chêne encore, mais à bout de souffle. Les murs gonflés d'eau prenaient du ventre et l'ensemble menacait ruine...


Mais le destin en avait décidé autrement. Quelque part, un que rien ne prédisposait à un tel challenge, allait croiser son si long chemin de solitude, allait s'y attacher et le faire revivre. Car il était dit, il était écrit que les choses n'allaient pas s'arrêter là. Renaître, repartir, être le lieu où la mémoire de son enfant chéri allait pouvoir s'ancrer, tant de choses encore étaient à dire, à vivre entre et par ces murs... Petit certes il était, mais beau, harmonieux se savait il être, comme ce jour où l'illustre érudit de la Bretagne, Arthur de la Borderie, à la fin du XIXème siècle, avait complimenté Joseph des Boüillons, le propriétaire d'alors, qui l'avait restauré, constatant qu'il l'avait été "dans le plus pur goût du XVème siècle"!


Fier de sa gerbière en tuffeau aux cannelures ioniques datée de 1620, assis sur une terre que la mémoire des hommes faisait remonter à 1342 à Guillaume de Chasteaulestart, fils d'Aliette le Laboureur, bâti à côté de l'emplacement d'un castel fortifié dont des vestiges à l'architecture gothique remontent manifestement à l'époque médiévale, comment se faisait il qu'aucun regard ne se soit attardé sur lui? Il avait tellement de choses à dire, à transmettre, son histoire était si riche, et bien que n'ayant jamais été qu'une modeste seigneurie rurale au droit de basse justice, il avait couvé, vu naître et grandir un que la mémoire des hommes ne devait pas oublier. Noël du Fail, juriste et parlementaire parmi les plus honorables de son époque, qui avait rédigé un receuil des plus notables et solennels Arrests du Parlement de Bretagne en trois Livres, somme jurisprudentielle qui fera référence jusqu'à la Révolution, cachait un tempérament gaillard, riche d'une forte sève, qui le fera s'inscrire dans le sillage du grand François, son ainé Alcofribas Nasier, l'inclassable et génial Rabelais, passant à la postérité par ses Oeuvres dites Facétieuses.


Comment pouvait il se faire qu'on le laisse à l'abandon, et que les yeux ne se portent que sur le beau château tout proche, commandé par Joseph des Boüillons, et réalisé par Arthur Regnault en 1866?


Mais le jour où tout devait basculer advint...


Il n'y croyait plus, mais sa bonne étoile veillait... Et c'est par un beau jour d'Avril 2003, que Cupidon devait tirer sa flèche. Nos destins se croisèrent, la magie opéra, et nos deux vies en furent boulversées... Quel beau chambardement, que de pain sur la planche, mais que d'enthousiasme, que de projets, que de bonheur. Il était dit qu'un jour nous nous trouverions, et qu'une nouvelle page de cette si longue histoire devait être écrite. Et que ce serait une si belle aventure...


Il y a toujours une certaine indécence à parler de choses fortes, intimes en quelque sorte, lorsque c'est le plus profond de soi même que l'on y met. Alors nous arrêterons nous là. Lecteur, pardonnes nous. Mais l'histoire de cette demeure, qui croise l'Histoire de la Bretagne et de ses illustres enfants, et qui croise notre petite histoire personnelle, mérite d'être contée, offerte en quelque sorte à ceux dont le coeur sait s'ouvrir et rêver... Comme dans un conte de fées.




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